Accra, 5 avril, 2018 - Le 5e Sommet des Think Tanks d’afrique s'est ouvert aujourd'hui à Accra, au Ghana, par une invitation adressée aux dirigeants africains à mettre en place un «leadership visionnaire et transformateur» pour permettre aux pays africains de trouver une solution positive aux problèmes de chômage des jeunes en Afrique.
Cet appel a été lancé par le Professeur Emmanuel Nnadozie, Secrétaire exécutif de la Fondation pour le renforcement des capacités en Afrique (ACBF) lors de la cérémonie d’ouverture d’un événement devenu annuel depuis son institution par l’ACBF en 2014. Dans son allocution, celui-ci a comparé le chômage affligeant des jeunes du continent à une bombe à retardement, et a exhorté les pays africains à faire preuve de plus d'intérêt pour le leadership des entreprises et le leadership chez les jeunes, dans la mesure où ces jeunes et le secteur privé constituent le moteur de la transformation socio-économique de l'Afrique.
Selon le Professeur Nnadozie, « Il est démontré qu’aujourd'hui, la plupart des jeunes en Afrique manquent d'opportunités économiques stables ». Il ressort d’une publication de la BAD en 2016 sur l’emploi des jeunes en Afrique que, sur près de 420 millions de jeunes âgés de 15 à 35 ans en Afrique, un tiers est constitué de sans-emploi découragés, tandis qu'un autre tiers est composé d’employés vulnérables (informalité, faible productivité, faible salaire).
«Pour optimiser le dividende démographique des jeunes, nous devrons créer des emplois hautement productifs, à une moyenne d'environ 18 millions par an jusqu'en 2035, pour absorber les nouveau-venus sur le marché du travail. Par conséquent, un leadership visionnaire et transformateur est indispensable pour permettre aux pays africains de s'attaquer avec succès aux problèmes de chômage des jeunes », a déclaré le Secrétaire exécutif de l'ACBF avant de poser la question rhétorique de savoir « si nous disposons du leadership de transformation qui permettra de résoudre le problème de chômage des jeunes ».
Le Sommet
Institué par l'ACBF, le Sommet des Think tanks africains rassemble annuellement plus de 40 groupes de réflexion du continent, dont la plupart sont créés et soutenus financièrement par la Fondation, à l’effet de discuter et de proposer des solutions aux questions pertinentes touchant le développement de l’Afrique.
Le Sommet est devenu depuis lors, une importante plate-forme d’échange de connaissances et de bonnes pratiques, ainsi que de détermination de moyens permettant aux think tanks africains de jouer leur rôle d’appui à la transformation socio-économique du continent.
Le Sommet de cette année est placé sous le thème « Relever le défi du chômage des jeunes en Afrique: des solutions innovantes issues des think tanks » L'objectif visé est d'informer les décideurs et les demandeurs de solutions sur la manière dont les think tanks peuvent et doivent appuyer la lutte contre le chômage des jeunes, en accordant une attention particulière aux dimensions de développement du leadership de transformation et en créant un environnement propice à un secteur privé florissant et au développement des compétences essentielles requises par le marché de l’emploi.
Depuis le premier Sommet tenu à Pretoria, en Afrique du Sud, en 2014, qui a connu la présence de 50 participants, le nombre de ces derniers ne cesse de croître, au point d’atteindre aujourd'hui plus de 200 personnes, se recrutant, non seulement parmi les think tanks, mais aussi parmi les décideurs, les universitaires, les communautés économiques régionales (CER) et les jeunes.
Au cours des quatre dernières années, le Sommet a permis de renforcer les capacités et a formulé des recommandations politiques sur des questions relatives à l'industrialisation de l’Afrique ainsi qu’aux partenariats pour la pérennité des think tanks eux-mêmes.
Il n’est donc pas étonnant que le Sommet ait bénéficié énormément du soutien d'un grand nombre de partenaires de l'ACBF, à savoir la Commission de l'Union africaine, la Banque africaine de développement (BAD), l'Agence de planification et de coordination du NEPAD et la Commission économique des Nations unies pour l'Afrique (CEA).
Cette année, en raison de l'importance que le Sommet s'est accordée au cours des quatre dernières années, de nouveaux partenaires de soutien ont adhéré au projet, notamment, la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED), le Think Tank Initiative (TTI), le William and Flora Hewlett Foundation, la Fondation Bill et Melinda Gates, le Regional Network of Agricultural Policy Research Institutes (ReNAPRI), et le Alliance for African Partnership.
« Nous avons bon espoir qu’à travers le réseau des Think tanks, logé à l’ACBF, nous continuerons de promouvoir le think-tanking », a déclaré le Professeur Nnadozie, avant d’ajouter : « Qu’en fait, notre rassemblement d’aujourd'hui me rassure que dorénavant, tous les gouvernements africains et les principaux organismes et partenaires au développement continentaux apporteront davantage de soutien à ces institutions stratégiques, compte tenu de leur rôle dans l’élaboration des politiques et la vie publique. »
Bombe à retardement
Mais, dans la majeure partie de son discours d’ouverture, le Professeur Nnadozie s'est appesanti sur le bien-être et la dignité de la jeunesse africaine. Selon le Secrétaire exécutif de l'ACBF, « Tout en étant le plus grand atout de l'Afrique, les jeunes constituent aussi le plus grand défi de tous les temps que doit relever ce continent ». « Comme l’indique une étude faite par l'ACBF en 2017 sur le chômage des jeunes en Afrique, la population des jeunes du continent qui augmente rapidement devrait doubler à l’horizon 2050, pour se stabiliser à plus de 830 millions, soit 29% de la jeunesse mondiale », a-t-il ajouté.
« Correctement exploitée, l'augmentation de la population jeune pourrait soutenir une productivité accrue et une croissance économique plus forte et plus inclusive à travers le continent. Mais, si elle n'est pas correctement exploitée, elle peut devenir une bombe à retardement, d’autant plus qu’elle est en réalité déjà une bombe prête à exploser. »
Le «grand paradoxe» est cependant qu’en dépit du fort taux de chômage des jeunes en Afrique, entraînant la création des associations de diplômés chômeurs dans certains pays africains, le continent est encore confronté à de sérieuses pénuries de compétences techniques essentielles.
Selon le Professeur Nnadozie, « Pour mettre les choses en contexte, l'étude de l'ACBF sur les besoins en capacités pour la mise en œuvre des 10 premières années de l'Agenda 2063 indique que l'Afrique ne compte actuellement qu’environ 55.000 ingénieurs, pour des besoins estimés à 4,3 millions. Par conséquent, le continent doit en produire plus de 300.000 par an jusqu'en 2023. »
« Actuellement, le continent ne compte qu’environ 21 000 géologues, alors que ses besoins sont estimés à 174 000. En conséquence, l’Afrique doit en produire 19 000 par an jusqu'en 2023. Le continent ne compte actuellement que 82 000 scientifiques agricoles, alors que ses besoins sont estimés à environ 152 000. Par conséquent, le continent doit en produire plus de 8 000 par an jusqu'en 2023. La question qui se pose est celle de savoir pourquoi les jeunes sont au chômage»
Le Secrétaire exécutif de l'ACBF a donc lancé un appel pour des plans d'action clairs en vue d’appuyer les think tanks afin qu'ils deviennent durables pour contribuer efficacement à la mise en œuvre de l'Agenda 2063 de l'UA et des Objectifs de développement durable (ODD) des Nations unies, qu’ils appuient plus efficacement les pays africains et apportent des solutions locales aux plans de développement du continent.
Le Professeur Nnadozie a promis que « L'ACBF est déterminée à faire des think tanks africains des partenaires intellectuels stratégiques et des institutions fiables dans la mise à disposition des solutions locales aux problèmes de chômage des jeunes, en vue de la transformation socio-économique de l'Afrique. J'invite par conséquent toutes les principales parties prenantes continentales et les gouvernements africains à apporter le soutien politique et financier nécessaire à l'ACBF (l'Agence spécialisée de l'Union africaine pour le développement des capacités) et à la Commission de l'Union africaine (notamment son Département Ressources humaines, Science et Technologie) afin qu’elles assurent la coordination des activités des think tanks et travaillent en collaboration avec eux sur les initiatives et les stratégies proposées pour lutter contre le chômage des jeunes en Afrique. »
Appuyer les think tanks
L'orateur principal, en la personne de l'honorable Ken Ofori Atta, ministre des Finances du Ghana, a fait écho à l'appel du Professeur Nnadozie pour l’appui en faveur des think tanks africains. Pour lui, compte de leur importante contribution à la transformation socio-économique de l'Afrique, les think tanks doivent inspirer confiance, être utilisés et soutenus.
«Aujourd'hui, au moment où nous façonnons notre avenir et prenons notre propre destin entre nos mains, les gouvernements africains sont invités à intégrer l'utilisation des think tanks locaux pour la réalisation des différents Agenda et plans de développement», a déclaré le ministre ghanéen des Finances, avant d’ajouter que «Les think tanks africains peuvent et doivent apporter une contribution significative à la conception, la mise en œuvre, le suivi et l'évaluation des politiques économiques et sociales innovantes.
« A titre d’exemple, dans tous les pays, les think tanks doivent être au premier plan dans la fourniture des conseils sur les politiques budgétaires adéquates, pour une croissance économique inclusive et à long terme, sur les politiques nécessaires pour la règlementation du secteur financier, en vue de la prévention des crises. Ils doivent être propices à la promotion des innovations financières nécessaires et devenir des moyens efficaces de gestion du secteur public, » a poursuivi l’honorable Ofori Atta.
S'agissant du chômage des jeunes, le ministre des Finances du Ghana a déploré le fait que, bien que 10 à 12 millions de jeunes entrent chaque année sur le marché du travail en Afrique, seuls 3,1 millions d'emplois sont créés au même moment, d’où le chômage d’un grand nombre de jeunes.
« Par conséquent, des centaines de milliers de jeunes quittent le continent, à la recherche d’un mieux-être », a déclaré l’honorable Ofori Atta, avant de poursuivre que « Les migrations et les problèmes connexes sont en effet les conséquences du mécontentement face à la situation sociale et le manque d'opportunités d'emplois décents.
« Dans l’ensemble, le World Employment Social Outlook 2018 montre que la proportion des personnes originaires de l’Afrique subsaharienne souhaitant partir à l'étranger reste la plus élevée, soit 32,1% en 2016 (contre 30% d’habitants d’Amérique latine). Pendant que les gouvernements africains sont sous pression pour relever le défi du chômage des jeunes, compte tenu de sa gravité, les think tanks doivent également être sous la même pression compte tenu de leur mandat et leurs fonctions. »
Le ministre ghanéen des Finances a par conséquent invité tous les partenaires au développement (notamment les gouvernements africains et le secteur privé) à appuyer l'ACBF dans ses efforts de coordination du renforcement des capacités humaines et institutionnelles, notamment les interventions visant à lutter contre le chômage des jeunes (qui comprennent la coordination du programme de développement des compétences essentielles) sur la base de ses 27 années d'expérience.
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À propos de la Fondation pour le renforcement des capacités en Afrique (ACBF)
La Fondation pour le renforcement des capacités en Afrique (ACBF) est l’agence spécialisée de l'Union africaine en matière de renforcement des capacités.
Après avoir lancé et coordonné efficacement des programmes de renforcement des capacités d'une valeur de plus de 700 millions de dollars américains dans 45 pays et 8 communautés économiques régionales (CER) en Afrique depuis 1991, l’ACBF a rassemblé l'expérience requise qui en fait l'institution incontournable en matière des connaissances spécialisées et de ressources humaines pour conseiller et appuyer les pays africains, les CER et les institutions sur des mesures décisives à prendre pour développer de toute urgence les compétences pratiques nécessaires pour la transformation économique du continent.
Les preuves provenant de notre travail de pointe (constitué des centaines de publications en matière de connaissances) et du travail de plusieurs partenaires montrent que les efforts de développement de l'Afrique sont entravés par de graves déficits de capacités se présentant souvent sous la forme de pénuries de compétences critiques, de déficits de leadership, d'entraves dues aux mentalités et aux institutions faibles. La pénurie de compétences pratiques sur le continent est importante dans des domaines clés tels que la science, la technologie, l'ingénierie et les mathématiques (STEM) et l'agriculture.
À l’ACBF, nous continuerons à utiliser notre expérience inégalée dans la gestion des mécanismes financiers pour le développement, notre vaste expérience en collecte des connaissances grâce à la combinaison de compétences exceptionnelles de notre personnel de base ainsi qu'à nos solides partenariats et réseaux stratégiques pour aider les pays et les institutions à identifier leurs besoins en capacités, les conseiller sur la façon de pallier à ces faiblesses de capacités et trouver les connaissances et ressources nécessaires pour développer les ressources de capacité requises, les utiliser efficacement et les conserver en vue d’atteindre leurs objectifs de développement à court et à long terme.
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