Nairobi – le 28 juin 2017 (ACBF) – Un nouveau rapport qui vient d’être lancé ce 28 juin à Nairobi, la capitale kenyane, recommande que le gouvernement kenyan adopte rapidement deux politiques nationales, l'une pour l'agriculture dans son ensemble et une autre pour le sous-secteur du thé, si le pays tient à optimiser ses bénéfices en surmontant les goulets d'étranglement qui ont affecté l'industrie du thé depuis des décennies.
Le rapport, découlant d'une évaluation des besoins en capacités de la chaîne de valeur du thé au Kenya, sera lancé conjointement par la Fondation pour le renforcement des capacités en Afrique (ACBF) et l'Institut kényan pour la recherche et l'analyse des politiques publiques (KIPPRA). Il fait suite à une évaluation des besoins de capacité et une analyse de l'industrie du thé au Kenya.
Actuellement, le Kenya est le troisième producteur de thé au monde après l'Inde et la Chine, mais c'est le plus grand exportateur mondial en termes de volumes. Pourtant, chose surprenante, le Kenya gagne moins par le thé que le Sri Lanka, le deuxième exportateur, en raison des goulots d'étranglement entravant les progrès et l'efficacité de l'industrie du thé au Kenya.
Le thé qui croît au Kenya date de plus d'un siècle, ayant été introduit en Inde par le gouvernement colonial britannique en 1903, bien que sa commercialisation n’ait débuté qu’en 1924.
Depuis lors, le thé a joué un rôle important et croissant dans le développement socio-économique du Kenya. C'est la principale culture industrielle en termes de contribution au PIB. En 2016, le thé représentait 40% de la production agricole commercialisée au Kenya et 25% du total des recettes d'exportation. En outre, le thé fournit des moyens de subsistance à plus de 600 000 petits exploitants qui contribuent à environ 60% de la production de thé.
L'année dernière, comme dans les autres années, le thé était le principal produit d'exportation du Kenya, les revenus passant de 1,2 milliard $US en 2015 à 1,25 milliard $US en 2016, suivi de l'horticulture (1,13 milliard $US) et du café (210 millions $US).
En termes de volume, les exportations de thé sont passées de 420,5 tonnes métriques en 2015 à 480 tonnes métriques en 2016, les principales destinations d'exportation étant le Pakistan, l'Égypte, le Royaume-Uni et l'Afghanistan.
Malheureusement, seuls 14% du thé exporté du Kenya constituent une valeur ajoutée. Le reste, 86%, est vendu en vrac, ce qui entraîne une perte de 12 US$ par kilo de thé en raison du faible niveau valeur ajoutée.
En conséquence, bien que le Kenya exporte plus de thé que n'importe quel autre pays au monde, il reçoit de faibles revenus par rapport à d'autres pays exportateurs. Par exemple, en 2013, le Kenya a exporté 131 tonnes métriques de plus que le Sri Lanka, mais il a gagné moins de 300 millions de dollars. C'est parce que le Sri Lanka s'est concentré sur le marketing de niche et la différenciation des produits par opposition à l'approche de marketing en gros du Kenya.
Fait intéressant, en dépit de son secteur touristique connu, l'économie du Kenya repose fortement sur le secteur agricole, qui représentait 32,6% du PIB en 2016. En ce sens, l'agriculture règne au Kenya, représentant plus de la moitié des exportations et 70% de l'emploi total dans le pays, la majorité de la population rurale étant directement engagée dans l'agriculture ou dans des activités hors ferme.
Ainsi, étant un facteur clé de la croissance, le secteur agricole est au cœur de la réalisation du plan de développement actuel du pays, Kenya Vision 2030.
Ainsi, conscients des dangers que la faible intégration de l'agriculture avec les autres secteurs de l'économie pose au pays, le gouvernement du kényan a demandé à l'ACBF de fournir un appui pour mener une évaluation des besoins de capacités qui conduira à l'élaboration d'un programme visant à renforcer le secteur de l'agroalimentaire.
Dans le cadre de la subvention de l’ACBF fournie à KIPPRA, une évaluation des besoins des capacités a été menée en collaboration avec les ministères et instituts compétents au Kenya.
L'évaluation, qui a débuté en mars 2016, a porté sur la chaîne de valeur du thé parce que le thé n'est pas seulement un principal fournisseur de devises et une source de revenus pour les ménages, mais aussi un grand créateur d'emplois.
Elle a examiné les stratégies, les politiques, les pratiques et les défis nationaux existants en relation avec l'agro-industrie, le commerce et le leadership, ainsi que les lacunes de capacités des institutions à mettre en œuvre des réformes dans la chaîne de valeur du thé.
Selon le rapport, les principales préoccupations dans le marketing du thé au Kenya incluent la faible consommation domestique, la domination de quelques entreprises multinationales dans le Mombasa Tea (le plus grand au monde) qui déterminent les prix, le nombre limité de destinations d'exportation et le rétrécissement des marchés actuels.
Le rapport montre que la part du marché mondial du Kenya est passée de 6% dans les années 1970 à 26% en 2014, mais la consommation intérieure est restée constante, à environ 5%.
En outre, le thé kenyan n'est pas marqué et il existe des recherches de marketing limitées. Il est donc nécessaire de développer une marque de thé appelée « Kenya Tea » et de la commercialiser sur les marchés nationaux et internationaux.
Malheureusement, les clients internationaux qui achètent le thé du Kenya à la Mombasa Tea Auction (marché aux enchères du thé de Mombasa) mélangent le thé à l'étranger et y apposent la marque de leurs noms de sociétés individuelles. Cela a réduit l'avantage concurrentiel du Kenya au point où on estime qu'avec la qualité du thé dans le pays, la marque pourrait générer de 100 à 200 millions de dollars supplémentaires au PIB.
Les recommandations du rapport sont d'une grande portée, entre autres un appel au gouvernement kényan pour poursuivre rapidement l'adoption d'une politique agricole nationale et d'une politique nationale du thé afin de fournir des directives qui feront que l'industrie du thé soit viable et compétitive. Il incombe également aux autorités du pays de se concentrer sur les capacités humaines et institutionnelles identifiées.
L'absence des deux politiques signifie que le sous-secteur du thé fonctionne sans une orientation stratégique claire, entraînant des initiatives de réforme fragmentaires. Selon le rapport, le processus d'adoption des deux politiques a pris trop de temps et des efforts concertés sont nécessaires pour leur finalisation.
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